Nuit Américaine sur Paris

Non, ce n’est pas Truffaut… Mais un peu, quand même…

Dans les débuts du cinéma, et même pendant longtemps, la prise de vue nocturne était problématique. La faible sensibilité des pellicules exigeait des temps de pose longs, pour chaque image, et rendait difficile la prise de vue des scènes d’action. On pouvait compenser cela par un éclairage puissant, mais cela coûtait cher et l’ambiance artificielle créée par l’éclairage était perceptible.

Pour contourner ces difficultés, les studios hollywoodiens ont imaginé une astuce qui consistait à effectuer les prises de vue en plein jour, tout en sous-exposant la pellicule. Il était aussi courant l’utilisation de filtres rouge pour les films en noir et blanc ou bleu pour les films en couleur. C’est la « Nuit Américaine » (ou « Night by Day » en anglais).

Cette méthode était assez efficace mais l’une ambiance artificielle était identifiable par la présence d’ombres trop prononcées. Voir, par exemple, les épisodes de la série Zorro ou des nombreux western de l’époque de John Wayne.

Ces photos ont été prises en début d’après midi de journées ensoleillées. Je ne pouvais pas imaginer un plus bel hommage à ceux qui l’on inventée qu’en photographiant quelques endroits mythiques de Paris.

Au delà d’une démonstration technique, ces images nous invitent à réfléchir sur ce que nous voyons. Ces images ne sont pas naturelles et ne sont pas celles vues habituellement par nos yeux. Elles nous attirent parce qu’elles sont spectaculaires, artificielles. Et pourtant… elles existent et ont été enregistrées. « Ça a été ! », comme disait Roland Barthes. Elles ne sont ni plus fausses ni plus vraies que celles vues par nos yeux. Les images, quelles qu’elles soient, ne sont que des indices de ce qui est ou qui a été.